Discographie
Change
Onze chants de lutte, de résistance.
Onze poings levés en musique pour inspirer le changement.
Elsa de lacerda, violon
Pierre solot, piano
HAROLD NOBEN Apesar de você
GWENAÈL GRISI Grândola, vila morena
FABIAN FIORINI Disapparition
BENOIT MERNIER Strange fruit
MARGARET HERMANT Rainbow
CLAUDE LEDOUX Laphiekhona
APOLLINE JESUPRET De mille murmures
KAROL BEFFA Tabula rasa
JEAN-LUC FAFCHAMPS Ain't got no…
GWENAËL GRISI Bella ciao
ALEXANDER GURNING Independance chacha
C’était un soir de mai 2020, nous étions tous cloîtrés, assiégés par la pandémie, en proie à cette nouvelle fréquentation de nous-mêmes hors du tourbillonnant quotidien.
A la claustration venaient s’ajouter des mots violentsinsinués par les fêlures médiatiques : certains métiers, certaines vocations, certains chemins de vie étaient plus « essentiels » que d’autres. Et parmi les autres : les musiciens.
Ce soir de mai 2020, Elsa me montra une vidéo de quelques minutes, on y voyait Zeca Afonso entonner a capella Grândola, Vila Morena au Coliseu de Lisbonne en 1983. Une foule immense le suivait à pleine voix, certains les bras levés, en un bouleversant souvenir de la Révolution des œillets, de cette nuit du 25 avril 1974 où cette chanson censurée pour son message fraternel fut diffusée à la radio pour annoncer au peuple portugais que commençait la révolution qui allait renverser le régime d’Antonio Salazar.
Il y avait dans l’Histoire des musiques qui avaient eu un rôle pratique, concret, un rôle de puissant rassemblement, un rôle essentiel…
D’élucubrations en élucubrations, le projet CHANGE avait germé dans nos têtes : sublimer le souvenir de ces musiques qui ont changé le monde, replonger dans ces tournants de l’histoire des sociétés, ces instants de révolution et de résistance, sous le prisme de nos rêves et de nos peurs d’aujourd’hui.
Nous avons rassemblé onze mélodies, des airs, des chansons. Mais il ne suffisait pas de les jouer, sans un mot. Nous voulions des regards engagés sur ces mémoires nécessaires.
Nous avons donc passé commande à dix compositeurs belges et français, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes : ils ont choisi leur mélodie, leur combat, et ils ont reçu carte blanche pour faire revivre ces souvenirs et ces grands instants d’histoire au travers de nouvelles compositions.
Après Grândola, notre « belgitude » ne pouvait ignorer Independance Cha Cha, cette chanson de Grand Kallé qui annonce aux Congolais leur indépendance en 1960 via la Radio Congo belge, devenant un hymne largement anticolonial.
C’est en Afrique du Sud en 1988 que ce « Zoulou blanc » de Johnny Clegg chante pour la première fois Asimbonanga, ce qui signifie « celui qu’on n’a pas vu », celui qui est emprisonné depuis 1964 : Nelson Mandela. Johnny Clegg chante en zoulou et en anglais, il dénonce l’Apartheid et laisse une chanson qui se dressera contre le racisme.
Strange Fruit évoque ce fruit étrange suspendu à un arbre, et cette odeur de chair qui brûle. Nous sommes en 1939 au Café Society de New York et pour la première fois, Billie Holiday porte de son vibrato fragile cette sombre chanson qui raconte le lynchage des Afro-Américains aux Etats-Unis.
Dans la lignée de ces grands jalons musicaux vers les droits civiques aux Etats-Unis, Nina Simone publie pour la première fois en 1968 la chanson Ain’t GotNo, I Got Life, qui énumère ses privations comme femme de couleur avant de passer à la jubilation I Got Life, poussant un cri féministe au cœur de l’Amérique raciste.
Plus au Sud, au Chili, en 1973, le groupe Quilapayùnet Sergio Ortega composent en quelques heures El Pueblo Unido Jamas Sera Vencido (le peuple uni ne sera jamais vaincu), une chanson de soutien à Salvador Allende, une chanson de soutien au peuple chilien violenté par le coup d’état militaire et la domination sanglante d’Augusto Pinochet. La chanson sera reprise un peu partout dans le monde comme symbole de solidarité, pour la liberté face à l’oppression.
Au Brésil en 1970, sous les coups de la dictature là encore, Chico Buarque déguise sa critique du pouvoir en une dispute amoureuse dans sa chanson Apesar de Você, un déguisement efficace qui trompe la censure et glisse à l’oreille des Brésiliens ces paroles de résistance sur des rythmes chaloupés : « malgré toi, demain doit être un autre jour, je te le demande, où vas-tu te cacher ? »…
En Europe, la chanson Bella Ciao devient un hymne à la résistance, exprimant le refus du fascisme dans la bouche des révoltés italiens de la seconde guerre mondiale, qui reprenaient une mélodie que chantaient les femmes dans les rizières italiennes au début du XXème siècle, exprimant à l’époque les vies pénibles du prolétariat.
Un peu partout dans le monde, l’Arc-en-ciel symbolise les luttes contre la discrimination des personnes désignées par le sigle LGBTQIA+, et devient finalement le symbole d’une volonté de cesser l’atroce catégorisation du genre humain selonson orientation sexuelle. Over the Rainbow d’Harold Arlen, bien loin des rêves de la jeune Judy Garland dans le Magicien d’Oz, est une chanson qui aura débordé son auteur pour devenir politique.
En Allemagne en 1990, après la chute du Mur de Berlin, le groupe Scorpions compose Wind of Change, le vent du changement. Le bloc communiste s’est effondré, l’Allemagne se rassemble et la chanson fait le tour du monde.
Enfin, l’Internationale d’Eugène Pottier et Pierre Degeyter aura traversé le monde depuis le XIXème siècle, exaltant les luttes ouvrières et sociales, symbolisant l’utopie et le rassemblement depuis la Commune de Paris, la Révolution russe et jusqu’à souder les étudiants en révolte sur la place Tian’anmen en 1989.
Onze chants de lutte, de résistance, onze poings levés en musique parmi tant d’autres dans l’histoire du monde, cette histoire qu’il ne faut pas oublier, dont les réminiscences musicales résonnent au cœur de ces onze créations d’aujourd’hui, pour le changement, la paix et la fraternité.
— Pierre Solot
Still Schubert
SCHUBERT, FAFCHAMPS
Prix Octave de la musique 2020
Albane Carrère, mezzo-soprano
& Quatuor Alfama
Elsa de Lacerda, violon
Céline Bodson, violon
Morgan Huet, alto
Renaat Ackaert, violoncelle
F. SCHUBERT
La Jeune Fille et La Mort
L. FAFCHAMPS
Lust auf Sehnsucht
Exilio
Edith Saint-Mard, chant
Anne Niepold, accordéon diatonique
Bernard Mouton, flûtes à bec
Philippe Malfeyt, vihuela, oud
Vincent Libert, percussions
Elsa de Lacerda, violon
Céline Bodson, violon
Morgan Huet, alto
Renaat Ackaert, violoncelle
« Les violons pleurent un temps perdu qui ne reviendra pas.
Les violons pleurent une patrie perdue qui peut-être reviendra. »— Mahmoud Darwich
Le 31 mars 1492, les Rois Catholiques expulsaient les Juifs de Castille et d'Aragon. Entre 70.000 et 170.000 personnes quittèrent leur terre ibérique pour un exil définitif. Le programme de ce disque témoigne de l’exil d’un peuple, mais aussi de l’exil des cœurs dont la lyrique courtoise médiévale nous a transmis probablement les plus beaux témoignages. Nostalgie du pays, errance d’un cœur désespéré, rejet d’un monde d’apparences… autant d’exils qui ont inspiré ce travail.
Pour suivre les traces de cette diaspora propice aux rencontres culturelles, La Roza Enflorese s’associe au Quatuor Alfama pour interpréter un répertoire judéo-espagnol agrémenté de polyphonies de la Renaissance espagnole et de compositions originales de Philippe Malfeyt sur des poèmes de Pablo Neruda.
Lorsqu’en 2013 Flagey nous commande une création, deux idées germent immédiatement: s’associer à une formation classique – et quoi de plus classique qu’un quatuor à cordes - et s’autoriser à explorer d’autres répertoires que celui de la tradition séfarade qui nous occupe depuis tant d’années. Ces deux choix vont révolutionner notre façon de travailler. Pas question d’improviser des contrechants à 9 autour d’une monodie… il s’agit alors d’écrire des arrangements suffisamment élaborés afin d’exploiter la richesse du quatuor à cordes, et pourquoi pas franchir le pas de la composition ?
C’est à Philippe Malfeyt que nous devons ce magnifique travail d’écriture qui associe si bien instruments historiques ou traditionnels aux instruments actuels. Il crée un univers moderne empreint de sonorités anciennes et populaires desquelles émane une certaine nostalgie.
Quartettsatz
WOLF, WEBERN, MENDELSSOHN, RACHMANINOV…
Quatuor Alfama
Elsa de Lacerda, violon I
Céline Bodson, violon II
Kris Hellemans, alto
Renaat Ackaert, violoncelle
Le rêve d'Ariane
L'histoire du quatuor à cordes racontée aux enfants.
Ariane Rousseau
Quatuor Alfama
Leo Brouwer
Concierto Elegiaco
Denis Sung-Hô, guitare
Quatuor Alfama
L. BROUWER
Concierto Elegiaco
Frédéric Devreese
Divertimenti
Quatuor Alfama
Elsa de Lacerda, violon
Ales Ulrich, violon
Sarah Charlier, alto
Renaat Ackaert, violoncelle
A.M. Gretry
Sei Quartetti
Quatuor Thaïs
Caroline Bayet, violon
Elsa de Lacerda, violon
Wendy Ruymen, alto
Kathy Adam, violoncelle